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Histoire (La corrida)

La corrida

 

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La corrida est une forme de course de taureaux, consistant en un combat à l’issue duquel le taureau est mis à mort. La corrida est pratiquée essentiellement en Espagne, dans le Midi de la France, dans certains états d’Amérique latine (Mexique, Pérou, Colombie, Venezuela, Équateur et Bolivie) et dans quelques communes du Portugal.

 

Présentation

Les « jeux taurins », éventuellement la mise à mort du taureau en public dans la corrida, sont sans doute une survivance des sacrifices d'animaux qui ont été si importants dans les cultures primitives.

Dans le langage courant, corrida désigne de nos jours la course de taureaux telle qu’elle se pratique principalement en Espagne. Au cours d’une corrida, six taureaux (le plus généralement) sont combattus et mis à mort par des matadors aidés de peones et de picadors.

Au Portugal, la mise à mort en public est en principe interdite. Elle n’est effectuée que dans quelques communes, notamment à Barrancos ; ailleurs, la mise à mort est effectuée après le retour du taureau au toril.

La corrida est pratiquée sous une forme « édulcorée », sans picadors, sans banderilles et sans mise à mort, dans certains états des États-Unis, notamment la Californie et le Nouveau-Mexique.

 

Déroulement d'une corrida

 

Le sorteo

Le jour même de la corrida, à midi, a lieu le sorteo, répartition des taureaux entre les matadors par un tirage au sort. Le sorteo est fait en présence du président de la corrida et d’un représentant de chacun des trois matadors. Préalablement au sorteo, les représentants des matadors inspectent les taureaux, puis ils forment les lots en essayant de répartir les taureaux le plus équitablement possible en fonction de leurs facilités ou difficultés supposées. Les numéros des taureaux sont inscrits par paires sur de petits papiers (traditionnellement du papier à cigarettes) par le représentant du plus ancien des matadors ; les papiers sont ensuite roulés en boule par le représentant du matador le plus jeune, puis mis dans le chapeau du mayoral recouvert d’un journal. Chacun tire alors une boule par ordre d’ancienneté, le représentant du matador le plus ancien en premier.

Une fois déterminé le lot de chaque matador, c’est celui-ci qui décidera de l’ordre de sortie des deux taureaux qui lui ont été attribués.

Jusque vers la fin du XIXe siècle, il n’y avait pas de sorteo : l’ordre de sortie était déterminé par l’éleveur lui-même. Les éleveurs avaient pris l’habitude de faire sortir en cinquième position celui des taureaux dont ils pensaient qu’il serait le meilleur, d’où le dicton « No hay quinto malo ». (« Il n’y a pas de mauvais cinquième ».) Luis Mazzantini et Antonio Reverte imposeront ce tirage au sort : ils accusaient les éleveurs de favoriser « Guerrita ».

 

L’apartado

Une fois le tirage au sort effectué, a lieu l’apartado : les taureaux sont séparés les uns des autres et placés un à un dans les chiqueros, cellules obscures d’environ trois mètres sur deux, dans lesquelles ils attendent l’heure de la corrida afin de pouvoir être lâchés dans l’arène au moment voulu.

 

A las cinco de la tarde

« En Espagne, la seule chose qui commence à l’heure, c’est la corrida ».

 

Le paseo

La corrida commence par un défilé de tous les participants : le paseo (ou paseíllo). À l’heure prévue, le président présente un mouchoir blanc ; aux accents d’un paso doble le cortège s’ébranle, précédé par les alguaziles (ou alguacilillos). Viennent au premier rang les trois matadors, classés par ordre d’ancienneté : à gauche (dans le sens de la marche) le plus ancien, à droite le deuxième d’ancienneté, au milieu le moins ancien. Si un torero se présente pour la première fois dans la « plaza », il avance tête nue, sinon il est coiffé du chapeau traditionnel la « montera ». Derrière suivent les peones, également classés par ancienneté, puis les picadors, eux aussi classés selon l’ancienneté.

Viennent ensuite les areneros ou monosabios, employés des arènes qui ont pour fonction de remettre en état la piste entre chaque taureau.

Vient enfin le train d’arrastre, attelage de mules chargé de traîner la dépouille du taureau hors de l’arène.

 

La lidia

Puis vient l’heure du combat, en espagnol « lidia ».

Une corrida formelle comprend en principe la lidia de six taureaux. Pour chacun d'entre eux, la lidia se déroule selon protocole immuable. Ce protocole est décomposé en trois parties, appelées tercios.

 

Premier tercio : le tercio de pique

 

Sortie du taureau

Après la sortie du taureau, le matador, et ses peones effectuent des passes de capote, pièce de toile généralement de couleur lie de vin à l’extérieur et jaune à l’intérieur, qui sert de leurre. Ces premières passes de capote permettent au matador d’évaluer le comportement du taureau.

Pour aider leur matador à évaluer le comportement du taureau, les peones appellent celui-ci à tour de rôle et l’attirer vers les différents points de l’arène, l’incitant à aller au bout de sa charge. Puis le matador effectue lui-même quelques passes de capote afin de compléter son étude du taureau.

Il existe une multitude de passes de capote. La plus fréquente, la plus simple et généralement considérée comme la plus belle, est la véronique (espagnol : veronica) dans laquelle le torero présente le capote tenu à deux mains, face au taureau, en faisant un geste similaire à celui que, selon l’imagerie traditionnelle, fit sainte Véronique en essuyant le visage du Christ en route pour le Calvaire. Il existe également la demi-véronique (espagnol : media-veronica) inventée par Juan Belmonte (qui prétendit un jour l’avoir créée « car j’avais la flemme de faire l’autre moitié »), la chicuelina (inventée par « Chicuelo »), la gaonera (inventée par Rodolfo Gaona), la mariposa (« papillon »),

 

Entrée des picadors

Autrefois, le picador était le principal héros de la corrida, le plus attendu des toreros ; les toreros à pied n’étaient que ses aides. Ce n’est que dans la seconde moitié du XVIIIe siècle qu’il a commencé à perdre sa suprématie, pour devenir au milieu du XIXe un subalterne du matador.

Le rôle du picador est de tester la bravoure du taureau à l'aide de sa pique, lance en bois de hêtre de 2,60 mètres de long terminée par une pointe d’acier : la puya.

En principe, il est appliqué deux piques minimum (il n’y a pas de maximum), mais en cas de taureau faible, le président peut réduire ce nombre à une seule. Lorsque par chance, le taureau fait preuve d’une bravoure exceptionnelle, une pique supplémentaire est parfois donnée avec le regatón : le picador prend sa pique à l’envers, et « pique » avec l’extrémité du manche, le regatón, et non avec la puya.

 

Deuxième tercio : le tercio de banderilles

Le deuxième tercio consiste à poser les banderilles (espagnol : banderillas), bâtons d'environ 80 cm de long, terminés par un harpon et recouverts de papier de couleur.

Les banderilles sont généralement posées par les peones , mais certains matadors les posent eux-mêmes.

En principe, il est posé trois paires de banderilles. Toutefois, le président de la course peut décider d’en réduire le nombre ; le matador peut demander au président l’autorisation que soit posée une quatrième.

 

Troisième tercio : le tercio de mise à mort

 

La faena de muleta

La faena de muleta est le travail à pied du matador à l'aide d'un leurre en tissu rouge, la muleta. La faena de muleta prépare le taureau à la mort.

À l’origine, la faena de muleta se limitait à quatre ou cinq passes ; aujourd’hui, le matador qui en ferait si peu déclencherait une énorme bronca. Tout comme celles de capote, les passes de muleta sont innombrables. Les principales sont les suivantes :

 

L’estocade

Ce tercio se termine par l’estocade à l’aide de l'épée.

 

Le descabello

Parfois, après l’estocade, le taureau tarde à s’écrouler. Le matador doit alors descabellar : il plante une épée spéciale (verdugo) entre la base du crâne et le début de la colonne vertébrale, au même endroit que celui où le puntillero plantera sa puntilla.

 

La puntilla

Après l’estocade (et éventuellement après le descabello), le coup de grâce est donné par l’un des peones (appelé puntillero) à l’aide d’une puntilla, poignard à lame courte et large, plantée entre la base du crâne et le début de la colonne vertébrale, afin de détruire le cervelet et le début de la moelle épinière.

 

Appréciation d’une corrida par le public

Parmi les éléments qui permettront d'évaluer le spectacle on trouve traditionnellement :

 

Les récompenses

S’ils ont apprécié la prestation du matador, les spectateurs réclament au président que lui soient accordées une, voire deux oreilles, et même deux oreilles et la queue. Pour ce faire, ils doivent agiter un mouchoir blanc, mais l’expérience montre que nombre de spectateurs (surtout en France) se contentent de crier, siffler ou applaudir. Le président accorde une oreille, deux oreilles, deux oreilles et la queue en présentant un, deux ou trois mouchoirs blancs. Les trophées sont coupés sous la surveillance de l’alguazil qui les remettra au matador après que la dépouille du taureau aura été tirée hors de la piste. Il ne reste plus au matador qu’à faire une vuelta al ruedo : il fait le tour de la piste en longeant la barrière et salue le public ; les spectateurs les plus enthousiastes lui envoient des bouquets de fleurs, des cigares, leur chapeau, leur foulard etc. Le matador garde les fleurs et les cigares, et renvoie les chapeaux, foulards, etc., à leur propriétaire.

Si aucune oreille n’a été accordée, le public pourra toutefois, par ses applaudissements nourris et répétés, demander au matador de « saluer à la barrière » (le matador entre en piste et salue le public en restant à proximité de la barrière), de saluer « au tiers » (le matador s’avance à mi-chemin de la barrière et du centre de la piste), de saluer « au centre » (le matador salue en s’avançant jusqu’au centre de la piste), voire de faire une « vuelta al ruedo ».

Si la prestation du matador a été fort peu appréciée, elle peut entraîner une bronca : les spectateurs mécontents crient, sifflent, et il peut même arriver que certains jettent des bouteilles sur la piste. (Un tel geste est largement condamné par les aficionados.) Parfois la réaction est pire pour le matador que la plus forte des broncas : le silence.

Si le taureau a été exceptionnellement bon, le président pourra lui accorder à lui aussi une vuelta al ruedo en présentant un mouchoir bleu. Et s’il a été plus qu’exceptionnellement bon, le président pourra, avant l’estocade, ordonner sa grâce en présentant un mouchoir orange.

Quand le matador a fini de saluer, il ne reste plus au président qu’à sortir son mouchoir blanc afin d’ordonner l’entrée en piste du taureau suivant.

En fin de corrida, les matadors quittent l’arène l’un après l’autre, par ordre d’ancienneté. Si l’un d’entre eux a été particulièrement brillant, il sortira a hombros, sur les épaules de ses admirateurs. Peut-être – récompense suprême – sera-t-il autorisé à sortir par la Grande Porte. À Séville, il devra pour cela avoir coupé trois trophées (soit trois oreilles, ou deux oreilles et une queue) au minimum ; à Madrid, deux trophées suffiront (étant généralement admis que si une seconde oreille madrilène et une seconde oreille sévillane ont environ la même valeur, la première oreille madrilène en a bien plus que la première oreille sévillane) ; ailleurs, c’est selon le sérieux de l’organisation, le niveau d’exigence et de compétence du public, les coutumes locales, etc.

 

Les protagonistes de la corrida

 

Le taureau

Le principal protagoniste de la corrida est le taureau : La corrida de toros se déroule dans une plaza de toros où le taureau est tué par un matador de toros.
 

L’élevage du taureau

À l’origine de la corrida, on se contente d’aller dans les élevages pour s’emparer des taureaux dont on peut supposer qu’ils sont les plus combatifs du troupeau. À partir du XVIIe siècle, la sélection se fait plus rigoureuse : quelques éleveurs commencent à sélectionner leurs taureaux spécialement pour les besoins de la corrida.

Aujourd’hui, les taureaux sont spécialement sélectionnés en fonction de leurs qualités supposées au combat et de leur masse corporelle (parfois plus de 600 kg, mais le plus souvent entre 480 et 550 kg).

Les ganaderías assurent un élevage dans des conditions d'isolement qui permettent de garantir que le taureau qui entre dans l'arène n'a jamais vu d'homme à pied (les éleveurs circulent exclusivement à cheval ou en véhicule). L'objectif est d'obtenir des taureaux « braves » (ce qui se reconnaît au fait qu'ils chargent à la plus petite provocation : soit parce que le torero empiète sur son terrain, soit à l'appel).

Afin d’obtenir les qualités recherchées, les vaches reproductrices sont sélectionnées au cours d’une épreuve appelée tienta (ou tentadero) : La vache affronte un picador muni d’une pique dont la puya est beaucoup plus petite que celle utilisée en corrida. Si elle fait preuve d’une « bravoure » suffisante elle est alors toréée à la muleta, soit par un matador qui profite de l’occasion pour s’entraîner. Souvent, le matador est suivi de toreros débutants qui essaient de se faire remarquer par les professionnels présents.

À la suite de la tienta, seules les meilleures vaches seront gardées pour engendrer les futurs combattants.

Les sementales (« étalons ») sont eux aussi sélectionnés au cours d’une tienta de machos, mais seulement au picador. Aucun capote, aucune muleta n’est utilisé.

Chaque semental voit mettre à sa disposition une quinzaine ou une vingtaine de vaches. Les premiers produits seront généralement envoyés dans des novilladas sans picadors, afin de permettre à l’éleveur d’être renseigné au plus tôt sur la validité de ses choix. Si ces premiers produits sont bons, l’éleveur est rassuré : le semental et ses vaches pourront être gardés définitivement. Sinon…

Dans les semaines qui suivent sa naissance, le veau sera marqué au fer : sur la fesse, le fer de l’élevage ; sur le flanc un numéro d’ordre ; sur l’épaule, le dernier chiffre de l’année de naissance. Sa naissance et son marquage seront consignés sur un registre, véritable registre d’état civil, à la disposition des autorités de l’État.

Jusqu’à son départ pour l’arène, le taureau vivra en quasi liberté dans les immenses prairies : si les latifundia du passé ont disparu, les élevages de taureaux continuent encore aujourd’hui de s’étendre sur plusieurs centaines, parfois milliers, d’hectares.

Chaque vache porte un nom ; traditionnellement, toutes ses fils porteront le même nom, ses filles porteront un nom en rapport. Ainsi, si une vache s’appelle « Andaluza », ses fils s’appelleront tous « Andaluz », ses filles s’appelleront « Andaluza », « Extremeña », « Aragonesa », mais aussi « Sevillana », « Granadina », « Cordobesa », etc.

 

Les principales ganaderías

Les taureaux sont élevés dans des ganaderías (« élevages »). Parmi les ganaderías les plus connues on peut citer :

Pour l’anecdote, rappelons que Ferruccio Lamborghini, fondateur de la marque éponyme, était un grand amateur de corrida. L’insigne de la marque Lamborghini représente donc un taureau de Miura ; un modèle de voiture Lamborghini (la première voiture « de série » à moteur central) a été baptisé « Miura » ; en 2002 un modèle a été baptisé « Murciélago », du nom du taureau dont il est parlé ci-dessus.

L'éleveur est représenté pendant la course par son mayoral (régisseur ou intendant). Quand le lot de taureaux a été exceptionnel, on voit parfois le mayoral porté a hombros pour honorer son élevage.

Le prix d'un taureau de combat (qui comprend son transport jusqu'aux arènes) varie selon la taille et l'origine, mais on considère qu'il varie entre quelques milliers d'euros pour un novillo et plusieurs dizaines de milliers d'euros pour les plus réputés.

 

Le taureau dans l’arène

À la sortie du toril, il est marqué de la devise, flot de rubans de diverses couleurs, chaque ganaderia ayant sa propre devise.

Les principales qualités que l’on demande au taureau sont la bravoure, la noblesse et la caste.

 

Le matador

Le matador est le principal des toreros : comme son nom l’indique, il est chargé de tuer le taureau. Sa responsabilité recouvre :

Généralement, il y a six taureaux et trois matadors par corrida. Chaque matador combat donc deux taureaux : le matador le plus ancien combat les premier et quatrième, le deuxième par ordre d’ancienneté combat les deuxième et cinquième, le plus jeune combat les troisième et sixième.

 

Les membres de la cuadrilla

Chaque matador est assisté par une cuadrilla, équipe de « subalternes » à son service.

 

Les peones

Les peones sont les aides du matador. Ils l’assistent lors des différentes phases de la lidia, notamment au premier tercio. Le plus souvent, ils posent également les banderilles, c’est pourquoi le terme « banderillero » qui, stricto sensu désigne celui qui pose les banderilles, est couramment utilisé comme synonyme de « peón ».

Dans chaque cuadrilla il y a trois peones.

 

Les picadors

Le picador applique les piques lors du premier tercio. Chaque cuadrilla compte deux picadors, qui officient à tour de rôle.

 

Les autres assistants du matador

 

Le mozo de espada

Le mozo de espada (« valet d’épée ») assiste le matador depuis la contrepiste. Il lui fournit un capote de remplacement en cas de déchirure, lui tend les banderilles s’il les pose lui-même, lui remettra l'épée à la fin de la faena de muleta. Il entretient le matériel et l’habit de lumières, s’occupe des réservations d’hôtel, hier des billets de train, aujourd’hui des billets d’avions quand le matador doit toréer le lendemain dans une ville éloignée, sert de chauffeur, de conseiller technique, d’interprète, etc.

 

L’apoderado

Littéralement « fondé de pouvoir ». C’est l’équivalent de l’impresario dans le show-business, du manager dans la boxe.

 

Le président et ses assesseurs

Le président est chargé de l'ordre de la place. Il ordonne le début de chaque course, les changements de tercios, l'attribution des trophées. Ses décisions sont notifiées à l’aide de mouchoirs (blancs pour le changement de tercio et l’attribution des trophées, rouge pour ordonner la pose de banderilles noires, orange pour gracier le taureau, vert pour ordonner son changement, bleu pour lui accorder une vuelta al ruedo).

En Espagne, c’est un commissaire de police, désigné par les autorités étatiques. En France, selon le règlement de l’Union des villes taurines françaises (UVTF), il est désigné par le maire de la commune ; le plus généralement, il sera choisi parmi les présidents des clubs taurins locaux.

Il est assisté de deux assesseurs. En Espagne, ils sont désignés par les autorités de l’État, comme le président. Il est toutefois possible de désigner comme assesseur un matador retraité. En Andalousie, depuis le 1er avril 2006, peuvent également être nommés assesseurs des « aficionados notoirement compétents ».

 

L’alguazil

Les alguaziles (ou alguacilillos) sont les « policiers » de la place. Au nombre de deux, ils défilent en tête du paseo. Sous les ordres du président, ils veillent au respect du règlement par tous les acteurs. Le cas échéant, ils remettent également les trophées au matador.

 

Le personnel de l'arène

 

La musique

Le paso doble et son « tacatchac tacatchac » qu’Igor Stravinsky de passage à Madrid écoutait fasciné de sa chambre d’hôtel, sont inséparables de la corrida. La musique accompagne le paseo et fait patienter le public entre deux taureaux. Elle souligne une faena de muleta qui commence à atteindre les sommets de la qualité, ainsi que la pose des banderilles lorsqu’elle est faite par le matador lui-même. Elle accompagne parfois la pose des banderilles par un peón lorsque, lors de la pose d’une paire précédente, ce peón a été particulièrement brillant. Enfin, quand le picador pique avec le regatón, le plus souvent cette pique supplémentaire se fait en musique.

Faire jouer la musique en cours de faena de muleta est déjà une récompense. L’ordre de jouer est donné par le président (sauf à Séville où c’est le chef d’orchestre qui décide) ; souvent une partie du public la réclame en criant « música, música ».

L’empresa

C’est l’organisateur de la corrida, celui qui engage les matadors, achète les taureaux, et espère engranger les bénéfices.

Dans les plus grandes arènes, l’empresa est une entreprise privée. Certaines empresas sont propriétaires des arènes (en Espagne, Barcelone, Saint-Sébastien, Logroño, entre autres), d’autres sont locataires des arènes qui appartiennent aux collectivités locales (Arles, Nîmes, Madrid, Valence) ou à des privés (en France notamment Béziers où les arènes appartiennent à une société anonyme ; en Espagne, notamment Séville où les arènes appartiennent à une confrérie militaro-religieuse, la Real Maestranza de Caballería).

Dans d’autres arènes, c’est une émanation de la mairie : régie municipale en France ou organisme similaire en Espagne. C’est le cas notamment en France de Bayonne ou Dax.

Dans les plus petites arènes, où les bénéfices sont plus aléatoires, l’empresa est le plus souvent une association loi de 1901 (ou équivalent en Espagne).

 

Le public

Le public est varié. Traditionnellement, on classe les spectateurs en deux grandes catégories : les « toreristas » et les « toristas ».

Les toreristas seraient essentiellement attirés par l’art du matador, son adresse, l’élégance de ses passes. Tant pis si son art ne s’exerce que devant des taureaux souvent faibles, voire trop faibles, et d’une noblesse qui frise la « soseria » (« stupidité »), tant pis si trop souvent le spectacle n’est pas au rendez-vous, tellement le taureau est inexistant.

Les toristas seraient essentiellement attirés par le spectacle du taureau démontrant sa bravoure, surtout face au picador. Ils n’apprécieraient que les matadors qui mettent en valeur le taureau, révèlent ses qualités et ses défauts. Tant pis si bien souvent, le spectacle n’est pas au rendez-vous, les taureaux étant trop difficiles, voire impossibles à toréer ; tant pis si les matadors qui affrontent ce genre de taureaux sont souvent condamnés à le faire en raison de l’insuffisance de leur talent.

À ces deux principales catégories, il faut ajouter les « turistas » reconnaissables essentiellement au fait qu’ils parlent anglais, allemand, italien, néerlandais, ou français avec l’accent « pointu ». À noter toutefois que nombre d’Anglais, d’Allemands ou de Parisiens sont des aficionados très connaisseurs, alors que nombre d’Espagnols ou de méridionaux qui ne se rendent à la corrida qu’un fois l’an, dans leur ville, sont sans doute des « casi-turistas ».

 

À la bonne place

À l’origine, les corridas avaient lieu sur des places publiques, fermées par des barrières ou des charrettes. Ces arènes de fortune existent encore, notamment à Ciudad Rodrigo, dans la province de Salamanque. À Madrid, elles se déroulaient sur la Plaza Mayor

À partir du milieu du XVIIIe siècle on commence à construire des plazas de toros (« places de taureaux », en français « arènes »), dédiées spécialement aux courses de taureaux. Les plus anciennes arènes encore en activité sont celles de Séville, ouvertes en 1761 ; viennent ensuite celles de Ronda ouvertes en 1786. La plaza de Las Ventas à Madrid a été ouverte en 1931.

En France, on organise des corridas dans les amphithéâtres romains de Fréjus, Arles et Nîmes. Ailleurs, il s’agit d’arènes modernes, construites sur le modèle espagnol.

 

Dans le temps imparti

Le temps imparti au matador pour mettre à mort le taureau est limité : il est fixé en principe à un quart d’heure. Cinq minutes avant la fin du temps réglementaire le président fait donner le « premier avis » par une sonnerie de trompette. Trois minutes après le premier avis, « deuxième avis ». Deux minutes plus tard sonne le « troisième avis » : le matador doit se retirer derrière la barrière, le taureau est ramené au toril où il sera abattu. Laisser sonner les trois avis est considéré comme la pire honte que puisse connaître un matador.

Pourquoi quinze minutes ? Il est souvent affirmé qu’au-delà de cette durée le taureau comprend que son véritable adversaire n’est pas la muleta mais l’homme qui tient la muleta (le taureau ne perçoit pas les couleurs et les mouvements de la même façon que l'homme, ce qui permet durant un temps de le leurrer), c'est pourquoi il doit être tué avant qu'il se rende compte du subterfuge

D'autres pensent qu'il est abusif de penser que tous les taureaux ont compris le subterfuge au bout d'un quart d'heure, et estiment qu'il faudrait autoriser un matador à prolonger le spectacle si ce dernier se rend compte que le taureau met plus qu'un quart d'heure à comprendre. Ces derniers pensent également que si le matador s'estime plus fort que le taureau, même après que celui-ci ait commencé à comprendre, il devrait être autorisé à le démontrer.

On peut également observer que le quart d'heure n'est pas respecté partout de la même façon, et que le décompte ne commence pas partout au même moment.

Une autre explication est parfois avancée : la limite des quinze minutes obligerait le matador à briller en privilégiant la qualité de ses passes. Cette explication n'est toutefois pas non plus satisfaisante, dans la mesure où il reste tout à fait possible pour un matador d'enchainer en moins de dix minutes un nombre important de passes de qualité très médiocre. À l'inverse, les admirateurs de « Gitanillo de Triana », matador des années 20, soutenaient que leur idole arrêtait le temps.

 

Si el tiempo no lo impide

Comme tous les spectacles se déroulant en plein air, le déroulement de la corrida dépend pour partie de la météo. La pluie en soi n’est pas gênante ; seule une pluie trop violente, transformant la piste en océan de boue, peut empêcher la corrida d’avoir lieu. Les habitués de Bilbao connaissent d’ailleurs le crachin habituel de la capitale de la Biscaye ; quant aux habitués d’Arles, il se rappellent sans doute de ce cinquième taureau d’El Sierro combattu par Roberto Domínguez au début des années 90, sous un véritable déluge.

Le vent est beaucoup plus gênant : faisant s’agiter intempestivement capotes et muletas, il peut rendre difficile voire quasiment impossible le déroulement normal de la corrida. Quand le vent reste modéré, les matadors alourdissent le bas de la muleta : ils l’aspergent d’eau puis le laissent traîner sur le sable.

En Espagne, la mention « si el tiempo no lo impide » (« si le temps ne l’empêche pas ») figure généralement sur les affiches. Le développement des arènes couvertes – notamment Saragosse partiellement couverte, Saint Sébastien et Logroño totalement fermées - rendra peut-être un jour inutile cette mention.

 

Con el permiso de las autoridades

Où que ce soit, la corrida répond à une réglementation stricte. En Espagne, la mention « Con el permiso de las autoridades » (« avec la permission des autorités ») figure d’ailleurs sur les affiches.

 

En Espagne

Avant 1917, il n’existe aucune véritable réglementation de la corrida, chaque ville, chaque arène a ses propres règles coutumières. En fait, ces règles sont très proches les unes des autres, les arènes andalouses imitant généralement les pratiques en vigueur à Séville, les autres imitant généralement les pratiques en vigueur à Madrid, Madrid et Séville s’inspirant mutuellement.

Une loi de 1917 crée un règlement unique pour toute l’Espagne. En 1962, ce règlement est entièrement refondu. En 1991, la loi Corcuera (du nom du ministre de l’intérieur) refond à nouveau le règlement.

Le développement de l’autonomie des communautés autonomes leur a transféré notamment la réglementation en matière de tauromachie. En fait, dans presque toutes les communautés, la Loi Corcuera reste en vigueur, seule l’Andalousie ayant, depuis le 1er avril 2006, un règlement particulier mais ne différant de la Loi Corcuera que sur des points de détail.

 

En France

 

La loi Grammont

Jusqu’à la fin du XIXe siècle, selon certains, la loi du 2 juillet 1850 dite Loi Grammont condamnant les sévices aux animaux, était applicable aux courses de taureaux ; selon d’autres, elle ne l’était pas. Les tribunaux et les préfets ont eu pendant longtemps des opinions diverses sur le sujet. Certains préfets les interdisaient, d’autres les autorisaient ; organisateurs et matadors n’étaient pas systématiquement poursuivis devant le tribunal ; quand ils étaient poursuivis, parfois ils étaient punis d’une lourde amende, parfois ils étaient relaxés. Il suffisait de changer de préfet ou qu’un magistrat change de tribunal pour que la pratique change radicalement. On a vu pendant cette période des corridas organisées un peu partout en France ; il y en a même eu au Havre et à Roubaix.

Au début du XXe siècle, la Cour de cassation a jugé une bonne fois pour toutes que la loi Grammont s’appliquait aux corridas. Dès lors, la pratique s’est établie d’une manière étonnante :

Le ministre de la Justice pouvait évidemment exiger des parquets qu’ils poursuivent systématiquement, qu’ils demandent lors du procès une peine « exemplaire ». Mais rappelons que, si les procureurs sont sous les ordres du ministre de la Justice, les juges sont indépendants.

Pour mettre fin à cette situation ambiguë, le législateur a donc adopté une position pragmatique :

En 1951, un alinéa a été ajouté à la loi Grammont : « Les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu’une tradition ininterrompue peut être invoquée. » Cet alinéa a été complété en 1959 : la tradition doit être « locale et ininterrompue. »

La loi reste vague concernant les lieux où la corrida est devenue légale : « lorsqu’une tradition locale... », et non : « dans les départements dans lesquels une tradition locale... » ou « dans les communes dans lesquelles une tradition locale... » ; ou encore : « dans les départements de X, Y, Z... » ou « dans les communes de x, y, z... ».

Dans ce fameux troisième alinéa, le terme « local » est sujet à interprétation : selon les opposants aux corridas, ce terme renverrait à « localité », donc à « commune ». La corrida serait donc légale uniquement dans les communes dans lesquelles une tradition peut être invoquée.

Nombre de procès ont été intentés à des organisateurs de corridas, le premier au Grau-du-Roi (Gard). Les tribunaux ont jugé que le terme « local » renvoie à un « lieu », non à une circonscription administrative déterminée, rien ne permettant d’ailleurs de dire si cette circonscription administrative doit être la commune ou le département, le canton ou l’arrondissement. Ils ont donc jugé que le « lieu » était un « ensemble démographique » ayant une communauté d’histoire, de coutumes, de mode de vie dont les limites ne coïncident pas avec des limites administratives. Toute commune se trouvant à l’intérieur de cet « ensemble démographique » peut donc se prévaloir de l’existence de la « tradition », quand bien même, sur son territoire, aucune corrida n’aurait jamais été organisée.

Le terme « ininterrompu » est lui aussi est sujet à interprétation : la durée de l'interruption nécessaire pour qu'on ne puisse plus considérer la tradition comme ininterrompu est sujet à polémique.

À Bordeaux et alentours, des corridas ont été organisées de manière régulière jusqu’en 1962. La vétusté des arènes bordelaise ayant contraint le préfet d’y interdire l’organisation de spectacles, il n’y a donc plus eu de corridas en région bordelaise. En 1988, la ville de Floirac, limitrophe de Bordeaux a organisé des corridas. La cour d’appel de Bordeaux a jugé que la non organisation de corridas pendant une durée aussi longue soit-elle, ne suffisait pas à elle seule à « interrompre » la tradition, lorsque cette absence d’organisation est due à un fait extérieur. Selon cette jurisprudence, pour « interrompre » la tradition il faut :

Depuis, des arrêts de la Cour d’appel de Toulouse (3 avril 2000) et de la Cour de cassation (7 février 2006) sont venus confirmer cette jurisprudence.

 

Le règlement de l’Union des villes taurines françaises

En France, la seule réglementation existant à propos de la corrida l'interdit par principe et ne l'autorise que par exception. Aucune loi analogue à la loi Corcuera n’existe. Certaines associations réclament la création d’une « Fédération française de corrida » à l’image des fédérations sportives. Il semble peu vraisemblable qu’une telle fédération puisse voir le jour. Toute réglementation écrite ne peut donc qu’être d’origine municipale.

Durant longtemps, on a en France, appliqué coutumièrement le règlement espagnol. En 1972, l’Union des villes taurines françaises (UVTF) a établi un règlement très largement inspiré du règlement espagnol et invité ses membres à le rendre obligatoire sur leur territoire, par arrêté municipal. Toutes ne l’ont pas fait, mais dans ces communes, ainsi que dans les communes taurines qui ne sont pas membres de l’UVTF, ce règlement est appliqué coutumièrement.

 

Au Portugal

Au Portugal, la mise à mort en public est interdite en pratique depuis le milieu du XVIIIe siècle, et a été formellement et définitivement interdite par une loi de 1928, sous le régime du dictateur Salazar. Malgré l'interdiction, elle a continué d'être pratiquée dans quelques communes, notamment à Barrancos, village de l'Alentejo proche de la frontière espagnole. Une loi de 2000 a autorisé les mises à mort en public dans les communes dans lesquelles elles continuaient d'être pratiquées.

 

L’alternative

L’alternative est la cérémonie au cours de laquelle le novillero devient matador de toros.

Si l’alternative a été prise ailleurs qu’à Madrid, lorsque le nouveau matador vient pour la première fois dans la capitale espagnole, il doit la « confirmer » au cours d’une cérémonie identique à celle de l’alternative. Il en est de même au Mexique, pour les matadors n’ayant pas pris l’alternative à Mexico....

 

L’apodo

Nombre de matadors portent un pseudonyme, en espagnol « apodo », ainsi, El Cordobés (Le Cordouan), Gordito (« Un peu gros mais pas trop »), « Manolete » (« Petit Manuel ») El Estudiante (« L’Étudiant »), El Gallo (« Le Coq »).

 

Le brindis

Le matador peut faire un « brindis », dédier son combat à telle personne qu’il veut honorer. Il s’avance dans sa direction, arrivé à la barrière il lui tient un discours plus ou moins long et plus ou moins convenu, puis lui envoie sa montera (« chapeau »). La personne honorée la lui rendra à la fin du combat.

Parfois, le matador fait le brindis « au public » : il va au centre de la piste, puis fait un tour complet sur lui-même, tenant sa montera à bout de bras. Puis il la jette négligemment par-dessus son épaule et n’a plus qu’à s’avancer vers le taureau. Si la montera tombe à l’endroit, c’est bon signe ; si elle tombe à l’envers, c’est mauvais signe, aussi, parfois le matador la pose délicatement au sol, afin d’être sûr qu’elle soit dans le bon sens.

 

La chapelle

Dans toutes les arènes ou presque existe une chapelle permettant aux toreros qui le désirent d’aller se recueillir avant la corrida.

 

Le chef de lidia

Le plus ancien des matadors est appelé jefe de lidia, « chef de lidia ». Cela n’est pas seulement un titre honorifique : au cas où un autre matador serait blessé, le chef de lidia aurait la charge de son taureau.

 

L’escalafón

L’escalafón est le classement des matadors, d’après le nombre de corridas auquel il sont participé et le nombre de taureaux tués, les ex-aequo étant départagés par le nombre d’oreilles et de queues coupées.

 

L’habit de lumières

La tenue des toreros est appelée « habit de lumières », traduction - trop - littérale de l’espagnol « traje de luces ». Une meilleure traduction serait « habit de paillettes », car si « luz » signifie « lumière », « luces » qui est le pluriel de « luz » se traduit par « lumières » mais aussi par « paillettes ». Dans l’expression « traje de luces », le mot « luces » est en fait employé dans cette seconde acception.

 

La couleur rouge

« Enfants voici les bœufs qui passent, cachez vos rouges tabliers » (Victor Hugo, La légende de la nonne)

Selon une idée reçue, le taureau fonce sur ce qui est rouge, ce qui explique la couleur de la muleta. En fait, les bovins ne distinguent pas les couleurs ; pour eux, rouge vermillon, bleu de Prusse ou vert bouteille ne sont que des nuances de gris. En réalité, le taureau charge ce qui bouge. Le matador agite donc sa muleta tout en restant lui-même aussi immobile que possible, ce qui déclenche la charge du taureau sur la muleta et non sur l’homme.

Ironiquement, l'énervement du taureau contre la couleur rouge apparaît comme un préjugé anthropologique, car de récentes études montrent que l'homme, lui, est effectivement excité par la couleur rouge.

 

La superstition

Certains footballeurs enfilent toujours leurs chaussures dans le même ordre, « parce que ça leur porte bonheur », croient que jouer avec le maillot blanc plutôt que le bleu augmente les chances de victoires, etc. ; dans les courses automobiles, il n’y a jamais de voiture numéro 13 ; le vendredi 13 voit monter en flèche les paris hippiques ou le Loto ; peu de gens aiment passer sous une échelle ? Dès lors, il serait étonnant que la corrida échappe aux superstitions. Les principales sont les suivantes.

 

Toreador ?

Beaucoup d’aficionados croient que le mot « toreador » est une mauvaise espagnolade inventée par Prosper Mérimée. En fait, ce terme existait en espagnol avant Mérimée, et désignait les toreros à cheval d’avant le XVIIIe siècle. La mauvaise espagnolade n’est donc pas le mot lui-même, mais son utilisation à contresens : cela fait plus de trois siècles qu'il n'y a plus de toreadors. Celui qui, de nos jours combat le taureau, que ce soit à pieds ou à cheval, est un « torero » : matador, peón, banderillero, picador ou rejoneador, tous sont des « toreros ». Celui des toreros qui tue le taureau après l’avoir combattu à pieds est un « matador ».

 

Matadors notoires

Au début du XXIe siècle, environ deux cent cinquante à trois cents matadors composent chaque année l’escalafón. Les figuras (« vedettes ») font jusqu’à une centaine de corridas dans l’année, beaucoup n’en font qu’une ou deux.

 

Autres formes de courses de taureaux

 

La corrida de rejón

Pratiquée partout où se pratique la corrida à pied, c’est la corrida à cheval. Le taureau est combattu par un cavalier, le rejoneador. Son déroulement est similaire à celui de la corrida à pied.

 

La « course portugaise » ou « corrida portugaise » (en portugais tourada)

Au Portugal, la mise à mort en public est interdite en fait depuis le XVIIe siècle, en droit depuis 1928 ; de plus, le picador est également interdit. De ce fait, la corrida à pied n’y est que marginale, la corrida à cheval constituant l'essentiel de la tauromachie portugaise. Celle-ci est similaire à son homologue espagnole, qu'elle a d'ailleurs inspirée (Voir ci-dessus le chapitre « Histoire de la corrida »). Dans les deux cas, la mise à mort est remplacée par la pega effectuée par les forcados, le taureau étant abattu après son retour au toril.

 

L’acoso y derribo

(Des verbes « acosar » et « derribar », « poursuivre » et « renverser »). Jeu consistant pour deux cavaliers à poursuivre un jeune taureau dans les champs et le renverser en le poussant du bout d’une perche. Ce jeu était à l’origine une forme de tienta de macho, ce qui explique qu’on le pratique à proximité du reste du troupeau. Après sa chute, le taureau peut, soit charger les cavaliers qui l’ont provoqué, soit rejoindre le reste du troupeau, ce qui permet d’évaluer sa combativité.

 

La course camarguaise

Il s’agit là d’un sport consistant pour les raseteurs à tenter de décrocher une cocarde accrochée entre les deux cornes du taureau, puis deux glands accrochés chacun à une corne, enfin deux ficelles, entourant chacune l’une des cornes.

Ce sport est pratiqué en France, dans les départements des Bouches-du-Rhône, du Gard, de l’Hérault et dans quelques communes du département de Vaucluse. Il est régi par la Fédération française de la course camarguaise dont le siège est à Nîmes.

A noter qu'il s'agit ici de taureaux camargais (les "Camargue" ou "raço di biòu"), par opposition aux taureaux espagnols. Le taureau Camargue est plus petit (entre 300 et 450kg pour les mâles) , plus nerveux et rapide que son cousin espagnol, et ses cornes sont en forme de lyre.

 

La course landaise

Il s’agit là d’un sport consistant pour les « écarteurs » ou les « sauteurs » à défier une vache et à faire des sauts au-dessus ou des écarts à son passage.

Ce sport est pratiqué en France, dans les départements des Landes (d’où son nom) et du Gers. Il est régi par la Fédération française de la course landaise dont le siège est à Saint-Pierre-du-Mont (Landes).

 

Le toreo comique ou « charlotade » (espagnol : toreo comico ou charlotada)

Le toreo comique, forme de tauromachie aujourd’hui sensiblement tombée en désuétude, a connu un franc succès jusque dans les années 60. Il s’agit de parodies de corridas dans lesquelles les toreros se livrent à toutes les excentricités devant des veaux. Souvent les toreros sont des nains. On a vu également quelques troupes de toreo comique utiliser des singes toreros.

À la sortie d’une « vraie » corrida, on entend parfois des spectateurs s’exclamer « C’était la charlotade ! » La corrida à laquelle ils viennent d’assister avait sans doute atteint le degré zéro de la qualité.

 

Le toro-piscine

Jeu en vigueur essentiellement dans le Midi de la France, consistant à lâcher une vachette camarguaise ou landaise aux cornes emboulées dans l’arène. Ceux qui le veulent se livrent à des jeux : la statue (les concurrents doivent rester debout sur un tonneau, le gagnant étant le dernier à rester sur son tonneau), la partie de cartes (les concurrents doivent s’asseoir sur les tonneaux en formant un carré, comme s’ils jouaient aux cartes), le toro-ball (ça ressemble au hockey sur gazon, sauf que les crosses sont remplacées par des balais), etc. Au milieu de la piste, se trouve une piscine faite avec un mur de balles de paille et une bâche étanche ; le sommet consiste à faire entrer la vachette dans la piscine ; le nec plus ultra consiste à y entrer en même temps que la vache ! Les gagnants touchent des primes, afin de donner un enjeu.

À la sortie d’une corrida, on entend parfois des spectateurs s’écrier « C’était le toro-piscine ». Sans doute ont-ils assisté à la même corrida que ceux pour qui c’était une charlotade.

 

Les lâchers de taureaux dans les rues

Dans nombre de villes et villages d’Espagne et du Midi de la France, lors des fêtes locales, ont lieu des lâchers de taureaux dans les rues. Ces lâchers peuvent être considérés comme une survivance de la tauromachie ancienne et prennent d’innombrables formes et variantes locales. Les principales sont les suivantes.

 

L’encierro

Encierro est un terme espagnol signifiant littéralement « enfermement ». Au sens premier, ce mot désigne le fait d’enfermer les taureaux aux corrales, cours généralement attenantes aux arènes, dans lesquelles ils seront gardés jusqu’au jour de la corrida.

Dans un deuxième sens, il désigne le lot de taureaux destiné à la corrida. « Pour telle corrida, l’encierro est de Victoriano del Río » signifie donc « Pour telle corrida, le lot de taureaux vient de l’élevage de Victoriano del Río ».

Dans certaines villes d’Espagne, les corrales ne sont pas attenants aux arènes, de sorte que les taureaux doivent y être amenés le jour même de la corrida ; ils sont accompagnés par des cabestros, bœufs dressés à cet usage. Dans un troisième sens, l’encierro est donc le trajet effectué par les taureaux, depuis les corrales jusqu’aux arènes. Ceux qui en ont envie en profitent donc pour descendre dans la rue, sur le trajet de l’encierro, et font le parcours devant (ou derrière pour les moins téméraires !) les taureaux. Aujourd’hui, dans ces villes, l’encierro n’est donc plus fait pour des questions de nécessité (les quelques hectomètres qui séparent les corrales des arènes pourraient tout aussi bien être effectués en camion), mais devient un but en soi. Les plus célèbres des encierros sont ceux de Pampelune, lors des fêtes de San Fermín (du 7 au 14 juillet), mais nombre de villages du nord de l’Espagne en ont d’aussi spectaculaires et moins médiatisés.

Dans les villes et villages des Bouches-du-Rhône, du Gard et de l'Hérault, les encierros sont en fait des lâchers de taureaux de Camargue dans une rue fermée à ses deux extrémités par des charrettes et des barrières, ou sur une place publique dont les accès sont fermés de la même manière.

 

L’abrivado

Mot provençal signifiant « arrivée ». Autrefois les taureaux qui participaient aux courses camarguaises faisaient le trajet à pieds, accompagnés par les gardians. Dans les traversées de villages, les jeunes du pays tentaient de les faire échapper pour ensuite s’amuser avec. Afin de limiter les risques de voir leurs taureaux leur échapper, les gardians leur faisaient donc traverser le village au galop, à la vitesse la plus élevée possible.

Aujourd’hui, les abrivado sont organisées spécialement. Les rues sont barrées par des barrières de grande hauteur afin d’empêcher les taureaux de s’échapper en rase campagne, les gardians font semblant d’empêcher les atrapaïre (« attrapeurs » en provençal) de faire échapper le taureau, les atrapaïre rivalisent d’adresse et de témérité. Il est même organisé des concours d’abrivado, plusieurs éleveurs y participant et étant jugés sur le nombre de taureaux qu’ils ramènent au bercail.

À noter : Abrivado est un mot féminin ; comme tous les mots provençaux, il est invariable au pluriel. On écrit donc « une abrivado, des abrivado ». Quant à la prononciation du O final, il s’agit d’une voyelle atone, comme le O final en italien, en espagnol ou en portugais. Si vous parlez couramment l’une de ces trois langues, prononcez le O de abrivado comme dans Pesaro, Toledo ou Ronaldo. Si vous n’êtes ni italophone, ni hispanophone, ni lusophone, la moins mauvaise méthode consistera à faire comme si la dernière lettre était un E muet et prononcer abrivade.

 

La bandido

Mot provençal. La bandido était autrefois le retour des taureaux depuis les arènes après la course, et donnait lieu aux mêmes tentatives par les jeunes du pays de les faire échapper. Aujourd’hui, c’est une forme de lâchers de taureaux analogue à l’encierro. Selon les habitudes locales, tous les lâchers seront appelés encierros, ou tous seront appelés bandido, ou enfin, selon que c’est dans telle rue ou sur telle place, on utilisera l’un ou l’autre terme.

La formation du pluriel et la prononciation du O final appellent les mêmes remarques que pour abrivado.

 

 

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